Les sœurs Lakrati,
commanditaires d’une tentative d’assassinat
La tentative d'assassinat s'est déroulée dans la commune de Bernin.
Un véritable imbroglio. C’est ainsi que l’on peut résumer « l’affaire des sœurs Lakrati ». Ce matin du 11 décembre 2002, Abdellah Labadi vient rejoindre sa femme et sa belle sœur à Grenoble. Mina Lakrati, son épouse, une quinquagénaire blonde, l’a fait venir pour une vague histoire de cadeaux pour les enfants. Sa sœur Khadija, brune aux yeux sombres, secrète, vient le chercher en voiture, direction Bernin. Calé dans le canapé, Abdellah accepte un petit verre de pastis. Il ne peut se douter que Mina vient d’y ajouter des somnifères… Le couple discute tranquillement quand Mina pousse un cri : deux hommes cagoulés viennent d’entrer dans le salon. Abdellah reçoit un violent coup sur la tête, puis des coups de couteau. On le ligote, on le bâillonne au scotch, on lui enfile deux sacs en plastique sur la tête pour l’étouffer, puis on le jette dans un trou. Abdellah s’évanouit, en piteux état. « On » c’est Mahmoud Hanfy, 47 ans, l’amant de Khadija, et Robert Juvinat, un ancien codétenu qui lui doit une dette, rapporte Claire Sirand dans Le Dauphiné Libéré.
Abdellah s’accroche à la vie. Il reprend conscience, la sueur l’aide à se défaire de ses liens. Il ouvre la trappe. En novembre de la même année, cet homme avait déjà été victime d’une tentative d’intimidation. Attaqué alors qu’il dormait sur le canapé dans sa villa à Marseille, il avait été ligoté, frappé avant de s’évanouir. Sa femme y était aussi pour quelque chose.
Procès et psycho
La Cour requalifie ces incidents en « tentatives d’assassinat ». L’avocat général, maître Cros, veut prouver l’intention de donner la mort. Ses pistes ? Il y a d’abord le trou de 1,60 m sur 60 cm, creusé dans la cave dans la semaine avant le « guet-apens ». « S’il n’y a pas volonté d’homicide, pourquoi la tombe ? », s’insurge maître Cros. Puis, les achats de Mina et Khadija : trois rouleaux d’adhésif, un pistolet factice, des somnifères, des cagoules. Même si on ne sait d’où vient le couteau. Pour l’avocate, pas de doute : « Les deux sœurs ont planifié ensemble l’assassinat. Mahmoud Hanfy est l’exécutant du plan, Robert Juvignat l’exécutant secondaire ». Pas de pardon pour les deux hommes. Encore moins pour Mina et Khadija, « ces femmes qui ont transgressé un tabou majeur. Elles ont donné la vie et ont voulu l’ôter ». Comme si, en tant que femmes et mères, elles étaient plus coupables que d’autres comme commanditaires d’un meurtre. Reste à déterminer le mobile. Crime passionnel ? Les relations entre les époux Labadi sont dégradées depuis longtemps. Khadija aimerait être disponible pour son amant bien que son mari refuse le divorce. Ou crime crapuleux ? Le couple a de sérieux ennuis financiers mais Abdellah Labadi a récemment gagné 50 000 euros aux prud’hommes. Une somme qui aurait pu s’ajouter au montant de son assurance vie (100 000 euros). Les jurés hésitent entre ces deux explications. Quoiqu’il en soit le verdict est lourd : 14 ans de réclusion criminelle pour chaque sœur, soit aucune circonstance atténuante.